La citation du mois

"Il faut accepter de ne pas savoir. Demain n'existe pas. Pense à maintenant!"

Frédéric Bihel

24 sept. 2008


"[...] Le 16 février 1953, il y a six jours, nous quittions Paris en avion et, après un survol du Maroc et de la côte saharienne, nous atterrissions à Conakry, capitale de la Guinée française."

Voici comment débute à peu près le récit incroyable d'un des premiers hommes occidental à avoir voulu rencontrer un peuple - les Toma - au coeur de leur terre magique. En 1953, il n' y a guère d'opinion publique au sujet de la vie des Hommes d'Afrique, si ce n'est une méconnaissance qui trône dans l'esprit colon. Aller s'aventurer en forêt guinéenne représente un véritable voyage incertain: être malade, se perdre, rencontrer l'inconnu, survivre...

C'est donc l'histoire de trois mecs armés de caméras, appareils photos et de lampes fragiles qui vont s'enfoncer jusqu'à la plus troublante des initiations : ils veulent comprendre, vivre, et rapporter des images des rites initiatiques des Toma, peuple souverain et inconnu, peuple en guerre, peuple de croyances, peuple humain et magique, dont on a, à cette époque de l'image naissante, aucune trace.

Nos trois compères sont tout acquis à la cause des sorciers, et il ne leur manquera que la bonne volonté des chefs de village. Les hommes et les femmes qu'ils vont rencontrer voient dans leur caméra la même abstraction que nos journalistes perçoivent dans les danses autochtones. Chacun rit sans comprendre vraiment l'autre. Mais quand il s'agit de pénétrer la forêt sacrée ou de se faire tatouer par le sorcier, les trois aventuriers pensent y laisser leur vie, au moment même où ils croient comprendre la grande mythologie naturelle des Tomas. Parviendront-ils à aller jusqu'au bout d'un projet qui les dépasse peut-être?

Ce document historique est écrit comme un roman à suspens, qui l'écarte définitivement des rayons repoussants entre ésotérisme et plaidoyer ethnologiste. Ici c'est la vie qui est racontée, celle qu'on ne vivra sans doute jamais, celle qui nous échappe parfois.



Forêt sacrée, de Pierre-Dominique Gaysseau
Albin Michel, 1953

Aucun commentaire: